Instruments réalisés
Plus de 25 instruments dans un parcours de 40 ans de carrière professionnelle.
Comment fonctionne un clavecin ?
Il y a la fosse dans laquelle se trouvent les mécaniques qui s’appellent des sautereaux.
Le sautereau est une pièce de bois qui se trouve au bout de la touche. Elle est actionnée et monte quand on appuie sur la touche.
Au centre, il y a une petite mécanique qui est en houx, avec un trou contenant le plectre qui pince la corde.
Dans la plupart des clavecins modernes, le bec (le plectre) est en plastique. Ici, comme traditionnellement, le bec est en plume.
Comme je suis en Colombie, j’ai la chance de pouvoir récupérer des plumes de condor, qui sont énormes, environ 50 cm. Heureusement, ils muent, et donc je n’ai pas besoin de les chasser pour avoir les plumes (lol).
Cette mécanique pince la corde et quand elle revient, il y a un échappement qui fait que ça ne pince pas une nouvelle fois au retour. De plus, un étouffoir étouffe le son. Il y a un petit ressort en laiton permettant le retour à la position initiale.
Pour changer les jeux, on actionne des tirettes sur le côté de l’instrument faisant bouger les sautereaux. On peut jouer avec chacun des jeux de façon indépendante pour jouer avec des timbres différents, ou encore les accoupler pour avoir un son plus fort. Ces jeux permettent de produire des sons différents [il y a donc trois timbres possibles jeu 1, jeu 2 et jeu 1+2] : plus le pincement est proche du sillet, et plus il y a d’harmoniques. Le son est davantage timbré.
En faisant bouger les sautereaux, le pincement de la corde est plus ou moins proche du sillet. C’est ce qui permet les variations de timbres dans les sons produits par l’instrument.
L’intérêt de la plume est qu’elle a plus de ressort que le plastique. Cela donne une certaine dynamique, c’est à dire la possibilité de varier la puissance du son selon la force avec laquelle on appuie sur les touches. Il y a donc une dynamique à laquelle on n’accède pas avec du plastique.
Où se trouvent les instruments que tu as faits dans ta vie ?
J’ai fait pas mal d’instruments. Concernant les plus connus, j’ai fait 2 clavecins pour le conservatoire de Lille, un clavecin français pour un conservatoire de région de Paris, un autre clavecin pour l’ensemble baroque de Nice, et d’autres pour des musiciens.
Avant que je parte en Colombie, quelques disques ont été enregistrés avec mes clavecins. Ils ont tous eu des prix : Diapason d’Or de l’année, c’était Laurent Stewart, Choc de la Musique, et avec Noelle Spieth, le prix de l’Académie Charles Cros. C’était évidemment très satisfaisant d’avoir toutes ces récompenses auxquelles j’étais associé.
On passe beaucoup de temps dans l’atelier. On ne compte pas trop les heures [lol].
J’ai toujours travaillé avec d’autres dans l’atelier. C’est toute une ambiance. D’abord avec Émile Jobin et Chris. Et puis, en Colombie, j’avais aussi un adjoint avec qui on partageait de bons moments.
On y met beaucoup de soi-même.
Clavecins parmi d’autres
1979
Avec Emile Jobin clavecin italien, trompe l’œil d’une caisse en cyprès à l’intérieur d’un étui, d’après Gregori 4 octaves et deux notes Do-Ré, deux jeux de 8 pieds, La 415/440
Propriété de Jérôme Lejeune, firme de disques Ricercar
Utilisé dans de nombreux enregistrements Ricercar
1981
Clavecin français à un clavier d’après Blanchet, deux jeux de 8 pieds de 5 octaves, pour le claveciniste Richard Siegel.
1982
Clavecin à un clavier d’après Albertus Delin 1768 (collection Kenneth Guilbert), 2 jeux de 8 pieds, 5 octaves, pour le claveciniste Laurent Stewart.
1983
Clavecin français à deux claviers d’après l’instrument de Jean Claude Goujon de 1749 du musée de la Musique, signé à l’origine Hans Ruckers, La 4215/440, 2 jeux de 8 pieds, 1 de 4, de 5 octaves, Fa-Fa, transposition La 415/440, pour le conservatoire à rayonnement régional de Lille.
Disque Padre Soler, Noelle Spieth (Solstice), encensé par la critique.
1985
Clavecin italien à un clavier d’après Gregori de deux huit pieds pour l’ensemble baroque de Nice
Disques :
_« Cantate italiane et sonate » de Vivaldi, Gerard Lesne et il Seminario musicale, DVD qui a servi de propagande a Harmonia Mundi avec son catalogue.
_L’incoronazione di Dario de vivaldi, ensemble baroque de Nice, Blandine Verlt au continuo.
1986
Deux claviers Goujon pour le claveciniste Richard Siegel qui l’utilise dans de nombreux enregistrements.
1987
Grand italien Cresci de de 2×8 ‘’ de 5 octaves et deux notes Fa-Sol avec pedale accrochée de une octave realisé avec Emile pour l’organiste Jan Willem Jansen.
1989
Clavecin à un clavier et trois jeux, 2×8’’, 1×4’’ d’apres Hans Ruckers pour le Conservatoire de région de Lille.
Disque : Byrd Gibbons de Laurent Stewwart jugé Diapason d’or de l’année 2001
1995
Clavecin à deux claviers d’après Jean Claude Goujon 1749 pour le Conservatoire Régional de Paris.
Deux DVD (1999) de l’intégrale de la musique de clavecin de François Couperin par Noelle Spieth, grand prix de l’académie Charles Cros.
1998
Clavecin à un clavier de deux huit pieds d’après Albertus Delin, utilisé dans de nombreux concerts de l’auditorium remarquable de la bibliothèque Luis Angel Arango de la Banque de la Republique.
2003
Clavecin à deux claviers d’après Goujon pour la salle de concerts de la bibliothèque Luis Angel Arango, instruments qui lui a permis de produire dans les années suivantes les meilleurs ensembles barroques internationaux, et très apprécié des clavecinistes invités.
Par exemple, Jory Vinicour :
“I have had the pleasure of performing perhaps ten concerts on harpsichords built by Jean-François Chaudeurge at the Sala Luis Angel Arango in Bogotá. It has been my opinion, from this first experience, that Jean-François must be counted amongst the finest harpsichord builders in the world. Everything is perfection – cabinetry, mechanical regulation, voicing, with the instruments having a glorious, singing tone throughout all registers. The pleasure is shared by performer and public.”
2006
Clavecin à deux claviers Goujon pour le claveciniste Juan Manuel Estevez.
2007
Grand italien à un clavier de deux 8’’ d’après Grimaldi pour la salle de la Luis Angel Arango. Mes deux instruments de la bibliothèque ont permis de faire connaitre la musique baroque non seulement à Bogota mais dans de nombreuses villes ou la Banque a organisé des concerts.
2010
Deux italiens Gregori-Grimaldi dont un pour l’université centrale de Bogota et l’autre utilisé pour de nombreux concerts, en particulier ceux du festival international de musique de Carthagène.
2013
Clavecin à deux claviers d’après Goujon qui ont permis entre autres au Teatro Mayor de Bogota et au festival de Cartagena de produire des solistes baroques internationaux comme concierto italiano de Rinaldo Alessandrini et l’ensemble baroque de John Elliot Gardiner.
2015
Une série de clavecins de 4 octaves à un jeu d’après un anonyme de 1537 qui est au musée de Milan, dont une copie exacte en cyprès italien avec octave courte dans un étui en noyer.
Un intérêt non négligeable des autres de quatre octaves chromatiques et d’une seule caisse en trompe l’œil est que ses dimensions et son poids lui permettent de voyager comme baggage en avion.